Revenir d’une longue absence est parfois plus simple qu’on ne croit. Quelques minutes suffisent pour poser ses bagages et reprendre le fil d’une routine interrompue pendant des semaines, des mois, des années. Peu importe la distance et la durée du voyage, on se retrouve à l’endroit où l’on s’était quitté, juste un peu plus mûr, riche de quelques souvenirs de plus à partager.
L’envie de reprendre ma plume m’est venue à la faveur d’une banale rencontre. Je travaille aujourd’hui pour une institution qui organise un congrès très important au mois de novembre ; les préparatifs de cet événement nous accaparant, nous avions pris un peu de retard à répondre à quelques courriers dont celui de Yahia, un visiteur étranger impatient d’obtenir une lettre d’invitation à notre congrès, condition sine qua non pour l’obtention d’un visa dans son pays. Sa lettre de relance étant restée un peu trop longtemps sans réponse, il se présenta au téléphone en m’expliquant qu’il savait tout de moi, ma mère née au Maroc, Dylan, mon intérêt pour les patrons littéraires, l’univers de Fellini et ma quête permanente d’aller voir ailleurs ; il avait parcouru les quelques lignes de ce blog, en avait déduit une aptitude pour les relations humaines et la résolution de problèmes et, dès lors, avait acquis l’absolue conviction que je ne pouvais qu’accéder rapidement à sa demande. Ce que je fis, bien entendu.
Cette anecdote m’a amusée ; force est de constater qu’un passage dans le nuage, aussi éclair fût-il, laisse quelques traces qui, mises bout à bout, en disent parfois un peu plus long sur vous que vous ne l’imaginiez. En y pensant, je me suis souvenue que c’était précisément pour donner à lire entre les lignes que j’avais entrepris d’écrire quelques billets…
Je reprends donc du service. Je ne peux certes pas rattraper le temps passé, mais j’ai gardé en mémoire quelques instants que l’absence m’a privée de partager et qui trouveront naturellement leur place au cœur de ces lignes. L’histoire qui suit en fait partie.
Elle fut si médiatisée que nombre d’entre vous la connaissent sans doute déjà ; mais pour ceux qui, à l’image des 1070 voyageurs de la station L’enfant Plaza du métro de Washington, auraient pu passer à côté, je la livre telle que je l’ai entendue, par la voix d’Alexis Ipatovtsev dans l’émission Frontières qu’il anime sur France Culture. En cinq toutes petites minutes, il raconte l’expérience menée par Gene Weingarten, journaliste au Washington Post et lauréat du prix Pulitzer pour son reportage. Cinq minutes auxquelles il m’est souvent donné de repenser, dans le métro ou ailleurs…
(Cliquer ici pour écouter Frontières)